Cinéma d’auteur: les grands classiques

Le film est tout à la fois le récit d'une enfance et d'une histoire d'amour: Belli et son frère, sourd de naissance, vivent avec leurs parents dans une fermette isolée, loin dans les montagnes. Le père s'oppose à tout changement: «J'aimerais mieux le tuer que de le placer dans un foyer». Quant à Belli, les classes finies, elle travaillera à la ferme et s'occupera de son jeune frère. Depuis l'enfance, ils sont inséparables. Ils s'aiment. «Mais qu'ai-je fait au ciel pour avoir des enfants pareils!» soupire la mère lorsqu'ils font des choses pas très «normales». Et c'est ici que l'histoire commence… Si elle s'était passée il y a 100 ans, ce serait une légende.

C'est dans ce rôle que Samuel Goldwyn allait découvrir Anna Sten et l'emmener à Hollywood: celui d'une fille qui vit avec son grand-père dans la banlieue enneigée de Moscou, travaille dans un magasin de chapeaux du centre-ville et passe beaucoup de temps à échapper à son voisin follement amoureux. La pénurie de logements et un billet de loterie (qu'elle reçoit à la place de son salaire) donnent lieu à un mariage et à d'épiques péripéties. Pour Bernard Eisenschitz, «La jeune fille au carton à chapeau justifie qu'on appelle Boris Barnet le fondateur de la comédie soviétique». Le premier film que Barnet réalise en solo est déjà imprégné de son génie: un diamant brut, charmant, romantique et, dans son imprévisibilité totale, un heureux mélange très physique de mélancolie et d'extase. (C.H.)