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Kasaba - The Small Town

Nuri Bilge Ceylan, Turquie, 1997

Un village de la Turquie profonde, dans les années 1970. Au fil des saisons, deux enfants se frottent au monde adulte, à sa complexité et à sa cruauté. En quatre chapitres et du point de vue des enfants, Nuri Bilge Ceylan raconte l’histoire d’une famille élargie dans une petite ville perdue de Turquie et son enfance à la campagne.
Un village de la Turquie profonde, dans les années 1970. Au fil des saisons, deux enfants se frottent au monde adulte, à sa complexité et à sa cruauté. En quatre chapitres et du point de vue des enfants, Nuri Bilge Ceylan raconte l’histoire d’une famille élargie dans une petite ville perdue de Turquie et son enfance à la campagne.
Durée
84 minutes
Langue
VO turque
Sous-titres
allemand, français, anglais, italien
Qualité
1080p
Disponibilité
Suisse, Autriche, Allemagne, Liechtenstein
Les herbes sèches
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
198′
Samet enseigne dans un village perdu en Anatolie, mais espère être muté à Istanbul. Alors qu’il se retrouve en mauvaise posture à la suite d’une plainte, il rencontre Nuray, une jeune professeure engagée. Dans Les Herbes sèches, pour lequel l’actrice Merve Dizdar a reçu le Prix d’interprétation à Cannes, Nuri Bilge Ceylan sonde les tréfonds de l’humanité grâce à sa mise en scène sertie de génie.
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The Wild Pear Tree
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
188′
A la fin de ses études, Sinan rentre chez lui, en province, bien décidé à publier son premier roman. Cependant, en financer la publication se révèle plus difficile que prévu. Après Winter Sleep, c’est un nouveau chef-d’oeuvre que nous offre le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan avec ce Poirier sauvage (The Wild Pear Tree), poème magnifique et élégiaque, un récit sublime qui se développe directement sous nos yeux. L’homme derrière les mots Que faire quand on habite la province à la fin de ses études? Sinan n’a pas trop de choix, entre passer un concours d’enseignants et tâcher d’avoir le meilleur résultat possible et éviter ainsi d’être envoyé dans des régions troublées «à l’est», ou faire l’armée - en fait, à l’est certainement aussi. Mais, pour l’instant, Sinan est surtout pressé de faire imprimer son premier roman. Et cela coûte de l’argent qu’il n’a pas et ne peut pas espérer trouver auprès de la famille avec son père endetté jusqu’au cou. Et ses démarches pour en obtenir ne le mènent qu’à ses propres contradictions: que veut-il au juste et est-il si différent des autres? Sublime. Tout simplement sublime, ce récit qui se développe sous nos yeux. Nuri Bilge Ceylan continue dans la veine de sa palme d’or, Winter Sleep, scrutant la société turque - ici, provinciale -, au gré de dialogues superbement menés, qui nous entraînent dans des débats politiques, philosophiques ou littéraires. Rien d’ennuyeux dans ces joutes oratoires car chacune est à la fois claire et porteuse, en plus de sens, d’un suspens qui retient avec aisance l’attention du spectateur. L’image filme avec finesse les tensions sur les visages, suscitées par ces paroles. Ce sont alors véritables moments de cinéma auxquels on assiste, tels qu’on se surprend parfois à regretter qu’ils s’arrêtent. Pourtant, le réalisateur fait bien attention à ne favoriser aucun de ses personnages. Chacun laisse voir ses défauts et sa propension à faire les choix les plus faciles sans vraiment oser les assumer. Ainsi en est-il de Sinan, de son père et d’autres rencontrés au cours du film ... Il n’empêche qu’ils restent sympathiques: chez Ceylan, les mots sont importants, en ce qu’ils nous montrent l’humanité des gens qui s’abritent derrière eux. Martial Knaebel
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Il était une fois en Anatolie
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
157′
Dans le noir, au loin, de petites lueurs apparaissent. Quelques secondes et on s’aperçoit qu’il s’agit d’une colonne de trois voitures. Policiers, gendarmes et procureur sont à la recherche du corps d’une victime d’un meurtre. Plusieurs haltes, plusieurs explorations seront nécessaires pour enfin trouver le cadavre dans un petit matin blême. Le temps pour le spectateur de faire connaissance avec les membres de ce cortège officiel: commissaire, procureur, médecin, plus ou moins loquaces sur leurs vies et leurs drames personnels. Il suffit à Nuri Bilge Ceylan de quelques phrases, de quelques plans même pas rapprochés, pour que ses personnages prennent corps et nous révèlent tout de leurs vies. Il était une fois en Anatolie représente une magistrale mise en scène de la comédie humaine, turque sûrement, universelle, tout aussi bien. * * * De l’ombre à la lumière Il était une fois... Cela sonne comme un conte ou comme une histoire vraie, que l’un des protagonistes nous relate. Et comme toutes les histoires qu’on raconte, Il était une fois en Anatolie est faite de digressions apparentes qui enrichissent, en fait, le récit par strates successives. Ici, la trame est composée de deux parties bien distinctes - on pourrait presque parler des deux actes d’une pièce classique, l’unité de temps, d’action et de lieux étant scrupuleusement respectée: la recherche la nuit dans la campagne, et le rapport le matin à l’hôpital. Entre-temps, nous aurons eu l’occasion de faire connaissance avec chacun: le commissaire de police dont l’enfant est malade chronique, le jeune médecin divorcé et le procureur d’Ankara pas très futé, à moins qu’il ne se cache la réalité à lui-même... Nous aurons eu aussi le temps de faire la connaissance de la région - pourtant plongée dans une nuit noire! On se rend alors compte de la magie du cinéma de Nuri Bilge Ceylan, dont les images et les dialogues suggestifs nous en disent bien plus qu’il n’y paraît. Ainsi, aucune nuit n’est totalement aveugle, avec le temps, nos yeux s’accommodent de l’obscurité la plus totale et les détails du paysage se révèlent. Et la caméra de Gökhan Tiryaki - qui semble être devenu le chef opérateur attitré du réalisateur - prend son temps, ou plutôt nous laisse prendre le nôtre à distinguer les lignes et les courbes d’une campagne bien moins monotone qu’elle n’en a l’air, réservant même quelques fois des surprises et des sursauts. De la même manière, les paroles ou les phrases suspenduesdans le silence de la nuit se laissent ingurgiter tranquillement. Là aussi, des phrases anodines que les personnages se disent, mais qui se révèlent détenir un double sens ou un secret qui se dévoile petit à petit, au détour d’un mot, d’un point de suspension. Au lever du jour, de retour à la bourgade, les visages blêmes et fatigués se révèlent, un peu des âmes aussi, le procureur perd de son assurance, le commissaire ne cache plus ses sentiments, alors que le jeune médecin semble prendre la direction des opérations. L’économie des gestes et des mots préside toujours à la narration et la mise en scène, mais, encore une fois, avec des moments surprenants, parce qu’inattendus : finalement, les personnages sont-ils bien ceux qu’ils montrent? La magie du cinéma de Nuri Bilge Ceylan tient à cette faculté qu’il a de sonder, au sens premier du terme, une communauté, des individus, des sentiments et des attitudes, et d’en enregistrer les échos, puis de nous les mettre en scène, avec la virtuosité, le rendu des nuances et des tonalités, qui donnent le relief à son récit. Martial Knaebel
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Trois singes (2008)
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
109′
Une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges, tente désespérément de rester unie en refusant d’affronter la Vérité. Pour ne pas avoir à endurer des épreuves et des responsabilités trop lourdes, elle choisit de nier cette Vérité, en refusant de la voir, de l'entendre ou d’en parler, comme dans la fable des "trois singes". Mais jouer aux trois singes suffit-il à effacer toute vérité?
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Les climates (2006)
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
98′
L’homme est fait pour être heureux pour des raisons simples et malheureux pour des raisons encore plus simples – tout comme il est né pour des raisons simples et qu’il meurt pour des raisons plus simples encore. Isa et Bahar sont deux êtres seuls, entraînés par les climats changeants de leur vie intérieure, à la poursuite d’un bonheur qui ne leur appartient plus.
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Uzak (2002)
Nuri Bilge Ceylan
Turquie
110′
Un photographe, hanté par un sentiment de vide entre sa vie et ses idéaux, se trouve obligé d’accueillir chez lui un jeune parent qui a quitté son village à la recherche d’un travail sur un bateau pour partir à l’étranger. Un film obsédant sur les changements d’une personne, ses valeurs et ses relations à travers la vie dans la grande ville.
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A Tale of Three Sisters
Emin Alper
Turquie
107′
Trois sœurs n’ont qu’une envie: quitter leur village et trouver à travailler à la ville. En installant son histoire d’amour et de rivalités familiales dans un village isolé, enserré par des montagnes enneigées, Emin Alper a trouvé le parfait équilibre entre la structure dramatique du théâtre et un cinéma ample où le conte fantastique épouse naturellement la chronique réaliste.
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Bal - miel
Semih Kaplanoglu
Turquie
100′
Le père du petit Yusuf est apiculteur. Il dépose ses ruches dans les branches hautes des arbres les plus grands de la forêt qui dévale de la montagne. Pour Yusuf, c'est un endroit empli de mystères où il aime suivre son père dans son travail. Lorsqu'il veut raconter son rêve à celui-ci, il est rembarré, car il ne faut jamais dire son rêve à voix haute, lui dit son père. Lorsque les abeilles se mettent à disparaître de manière incompréhensible, Yacup décide de porter ses ruches plus haut dans la montagne. Le petit Yusuf, lui, commence à bégayer à l'école, pour finalement garder le silence. Entre le père qui ne revient pas et le mutisme de Yusuf, l'inquiétude de la mère grandit. Ours d'Or 2010 au festival de Berlin, Bal (miel) est une plongée dans le monde de l'enfance où la beauté de la nature ne peut être que fantastique et mystérieuse. **** Dans la nature fantastique de l'enfance Il faut retrouver son âme d'enfant pour pleinement apprécier Bal, le cinquième film du jeune réalisateur Semih Kaplanoglu. Il faut la retrouver, car le film nous plonge dans le monde d'un petit garçon à l'imagination fertile, car la nature et les hommes sont filmés par le prisme du regard, des sentiments, de l'humeur et du moral du petit Yusuf. A cette condition, on pourra se laisser emporter par l'atmosphère magique que dégagent les images de ces montagnes turques, et de leurs habitants, aux abords de la Mer Noire. Celles-ci expriment aussi bien ce que Yusuf voit que ce qu'il ressent, donnant aux objets et aux personnages des dimensions parfois surhumaines, proches du fantastique des contes pour enfants. Et le jeune acteur Bora Altas - tout jeune puisqu'il a le même âge que Yusuf, 7 ans - a ainsi une présence imposante à l'écran, rarement vue pour un enfant, dans un registre où les sentiments peuvent apparaître dans toutes leurs nuances, qui nous renvoie à nos propres souvenirs, nous rappellent le monde que nous pouvions voir et ressentir quand nous étions enfants nous aussi. Cependant, il ne s'agit pas que de l'enfance, dans Bal. C'est aussi une ode à la nature, qui n'a rien à voir avec la nostalgie d'un monde perdu, mais au contraire d'un monde bien réel, où le destin des hommes et des plantes sont liés, où les méfaits des uns entraînant une réactions des autres. Une nature pourtant, dont la beauté rejaillit sur les êtres humains, sur le père Yacup, sur la mère, Zehra, et sur leurs gestes magnifiés. On a alors des couleurs intimistes de l'école hollandaise. Puis les plans, plus larges, s'emparent de la forêt, prennent l'ampleur de tableaux immenses, à la fois sonores et picturaux, où le peintre aurait su placer toutes les nuances du vert imaginables et qui habitent la nature, en fixer les mouvements les plus subtils et en saisir les moindres bruissements, jusqu'aux odeurs humides qui atteindraient nos narines. En ce sens, à l'image d'un Pourquoi Bodhi Dharma est-il parti vers l'Orient?, Bal est proche d'une expérience sensuelle totale. Exactement de celles que l'on pouvait avoir enfant.
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Burning Days
Emin Alper
Turquie
131′
Fraîchement nommé, un jeune procureur prend son poste dans une ville perdue en Anatolie, en proie à des pénuries d’eau. Découvrant l’engouement des notables locaux pour la chasse, il devient rapidement la cible de tentatives de séduction et d’intimidation... Par le prisme du polar tendu, le réalisateur turc Emin Alper restitue l’insidieuse mécanique des populismes et nous suspend au bord du gouffre!
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Sibel
Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci
Turquie
95′
Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes de la Mer Noire. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif qui pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle. Femme sauvage Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci parlent de leur film et expliquent comment ils voient la jeune femme Sibel: «Elle n’est pas l’apanage de la société turque. Il existe des Sibel partout dans le monde, ces femmes confinées à un cadre, auxquelles la société inflige des limites. Mais la trajectoire de Sibel est celle d’une forme d’affranchissement. Du fait de son handicap, elle n’est pas polluée par ce qu’on impose quotidiennement à la gent féminine. Elle a été élevée de manière plus libre et indépendante par son père. Au village, on la laisse tranquille car les règles sociales ne s’appliquent pas à son profil. Elle se développe autrement, avec une acuité dans sa vision du monde, à la recherche d’une force intérieure originelle et primitive. La quête de son identité s’incarne dans celle de la bête sauvage, du fameux loup.»
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Ghosts - Hayaletler
Azra Deniz Okyay
Turquie
83′
À Istanbul, dans une Turquie survoltée, quatre personnages se croisent au sein d’un quartier populaire en plein embourgeoisement : une mère dont le fils est en prison, une jeune danseuse, une artiste féministe et un jeune homme. Un portrait puissant de la Turquie contemporaine et une ode à ses fantômes.
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Abluka
Emin Alper
Turquie
119′
En liberté conditionnelle, Kadir cherche à reprendre contact avec son jeune frère Ahmet dès sa sortie de prison. Mais ce dernier ne semble pas intéressé à renouer avec son aîné. Autour d’eux, c’est le chaos total, les bruits de bottes succèdent aux explosions. C’est un Istanbul apocalyptique que nous montre Emin Alper dans un suspens haletant de bout en bout. De la suspicion à la folie Nous sommes dans un avenir à la fois proche et indéfini. Istanbul est secoué par des explosions presque quotidiennes. Des groupes armés se dissimulent dans les bidonvilles qui entourent la ville et que la police chasse sans ménagement. C’est ce climat de suspicion, de peur et de violence que découvre Kadir à sa libération. Il a été condamné à vingt ans de prison pour crime. Deux ans avant l’accomplissement de sa peine, on lui octroie une liberté conditionnelle pour autant qu’il intègre un groupe chargé de fouiller les ordures pour y trouver des objets qui pourraient servir ou avoir servi à la fabrication de bombes. Le premier geste de Kadir est de rendre visite à son jeune frère qu’il a quitté alors qu’il n’était qu’un enfant. Cependant, Ahmet ne semble pas enclin à renouer les contacts avec son aîné. Il est engagé par la municipalité pour tuer les chiens errants. Mais il en soigne un en cachette dans sa maison. Affolé à l’idée d’être découvert, il ne répond pas aux appels de son frère. Kadir est alors persuadé qu’il est retenu en otage ... Nul besoin de lourds et dispendieux effets spéciaux pour créer une atmosphère paranoïaque et anxiogène. Amin Alper a su choisir ses décors, user de la lumière, travailler la bande son et, surtout, diriger des acteurs hors pair pour créer un climat de suspens et de malaise qui scotche le spectateur à son fauteuil. Le réalisme des scènes de jour et d’extérieur, où Kadir et Ahmet vont travailler chacun de leur côté, s’opposent aux nuits solitaires et fantasmatiques des deux hommes dont le montage subtile entrelace les cauchemars et les hallucinations de l’un ou de l’autre au milieu du silence oppressant d’une ville où les vrombissements des lourds convois militaires répondent aux secousses des explosions nocturnes. Abluka démonte superbement le mécanisme qui, de la suspicion, mène à la folie.
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Pamuk - Innocence of Memories
Grant Gee
Turquie
93′
Ni vraiment documentaire, ni fiction non plus, Innocence of Memories est une immersion à la fois charnelle dans le vieil Istanbul et psychologique dans l’œuvre du Nobel de littérature turc Orhan Pamuk. L’auteur, avec l’argent de son prix, s’est mis en tête de créer un musée qui raconterait une histoire d’amour malheureuse à Istanbul, dans les années 70. Fiction, le film est une mise en images, et en voix, du roman de l’auteur «Le musée de l’innocence», qui nous fait vivre l’amour de Fusun et de Kemal, abruptement brisé par la mort de la première. Ayla, amie de Fusun, et Kemal égrènent leurs souvenirs pendant que la caméra déambule parmi les vitrines du musée, somme d’objets appartenant à l’époque du récit, qui auraient pu être ceux des personnages du roman. Documentaire, voici que la caméra erre dans la nuit stambouliote, proposant des rencontres de personnages bien réels. En voix off, ou dans une interview en arrière-plan, Orhan Pamuk se livre à une réflexion sur son œuvre, sa vie et ses démêlées avec la politique, surtout sur son Istanbul de la nuit. On ne peut qu’être envoûté par ces images vagabondes et planantes s’attachant aux murs décatis, aux rues sales et encombrées où circulent chiffonnier, chauffeur de taxi ou photographe. Dans le musée même ces objets quelconques sont autant une accumulation romantique, illustrant la passion de Kemal et Fusun, qu’anthropologique exprimant une société en pleine occidentalisation. Innocence of Memories est aussi bien un essai littéraire que cinématographique qui nous offre une occasion superbe d’appréhender l’œuvre d’un auteur qui, même en exil, n’a jamais su vraiment quitter sa ville. (mk)
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Grain
Semih Kaplanoglu
Turquie
128′
Dans un avenir proche, les récoltes permettant de nourrir les populations de villes ultra-protégées dépendent de semences OGM produites par des conglomérats privés. Mais ces graines ont un dramatique problème de reproduction. Pour tenter de le résoudre le professeur Erol Erin veut retrouver le généticien Cemil Akman, dont la thèse avançait une explication à cette énigme et fut pourtant censurée par les autorités. Pour le rencontrer, Erin devra quitter la ville protectrice pour les Terres Mortes. Après avoir remonté le temps avec sa trilogie de Yusuf magistralement conclue avec Bal (Miel, 2010, Ours d’or à Berlin), Semih Kaplanoglu s’aventure cette fois-ci dans le futur. Et, même si nous sommes loin des films catastrophes à la sauce Hollywood, cet avenir n’a rien d’engageant. D’autant plus que Kaplanoglu ne s’éloigne que de très peu de ce que vivent déjà certaines parties du monde. Cela est d’ailleurs si «vrai» que les décors choisis par le réalisateur sont directement filmés de la réalité: la ville en ruine, c’est Detroit. La barrière électrique, c’est celle dont rêvent certains hommes politiques. Cependant, là où le matérialisme occidental cherche des solutions techniques face à la destruction de la planète, Kaplanoglu préfère explorer des voies plus philosophiques. Comme l’avait fait avant lui Andreï Tarkovsky avec son Stalker. Dans ce film aussi, deux hommes pénètrent dans un no man’s land pollué et supposé mortel pour l’homme. C’est cette recherche philosophique - certains diront même mystique en pensant au cinéaste russe - qui intéresse Semih Kaplanoglu, qui guidera ses choix esthétiques. Comme le noir et blanc qui imprime une beauté austère aux images, qui souligne aussi le vide de ces plans larges, déserts de dunes ou de béton. La particule humaine est ainsi un film d’aventure - car de l’action, il y a - où le progrès scientifique est confronté à une barrière techniquement infranchissable, essaie de nous dire Kaplanoglu qui semble chercher une clé dans la philosophie soufie. Une pensée et des images nous semblent alors familières : Nacer Khemir, avec son instituteur dans Les Baliseurs du désert, cherchait lui aussi une réponse parmi les dunes d’une terre hostile. Martial Knaebel
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Yumurta - oeuf (2007)
Semih Kaplanoglu
Turquie
93′
Yusuf, un poète et libraire qui vit à Istanbul, retourne après cinq ans d'absence dans sa petite ville natale lorsqu'il apprend la mort de sa mère. Ayla, une jeune parente éloignée, l'attend dans sa maison maintenant délabrée. Ils deviennent amis. La mort de sa mère et le passé réactivé tourmentent Yusuf.
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Pandora's Box (2008)
Yesim Ustaoglu
Turquie
109′
Lorsque Nusret disparaît de sa maison, dans les montagnes près de la Mer Noire, elle ne se doute pas qu'elle va mettre les nerfs de ses enfants à l'épreuve. Sa famille est d'ailleurs le dernier des soucis de cette vieille dame, frappée par la maladie d'Alzheimer. Et ses enfants, malgré leurs réussites sociales apparentes, vivent mal. Cette disparition en sera le révélateur, obligeant ses deux filles, Nesrin et Güzin, à se confronter au vide sidéral de leurs vies affectives, alors que Mehmet, le frère, ne peut cacher, quant à lui, ses échecs de prétendu artiste. Dans une tragicomédie au rythme enlevé, presque échevelé, à l'image de ses personnages, nous allons voir ces trois adultes courir après leur mère, et après leurs propres vies. Murat, adolescent rebelle, le fils de Nesrin, saura pourtant restaurer un lien avec cette grand-mère qu'il n'avait jamais vue. *************** Quelle belle ode à la vieillesse que ce film! Une actrice de 90 ans y crève l'écran, Tsilla Chelton, qui reçut une méritée Concha d'argent pour sa prestation, lors du 56è festival de San Sebastián. Une vieille dame qui illumine l'image, au propre comme au figuré, car chaque fois que Nusret, c'est son nom, apparaît, le soleil l'accompagne, avec les belles couleurs chaudes de l'automne dans les arbres. A l'opposé, lorsque ses filles et son fils partiront à sa recherche, ce seront des trombes d'eau et des intempéries qu'ils devront traverser pour atteindre le village. La jeune réalisatrice, Yeşim Ustaoğlu joue ainsi sur les oppositions symboliques pour donner un rythme soutenu à son récit, évitant les temps morts. Opposition de caractères, par exemple, entre cette vieille dame énergique et décidée, même si elle perd la boule, et ses enfants qui paraissent si impuissants à prendre leurs propres vies en main. La maladie d'Alzheimer n'est pas, à priori, un sujet très gai et le désarroi des personnages face à cette maladie aurait pu tourner au mélodrame larmoyant. Déjouant tous les poncifs attachés à ce genre de situation, Yeşim Ustaoğlu a, au contraire, trouvé un ton léger, relâché, pour son récit. Cette façon de dédramatiser les moments les plus forts donne une dimension profondément humaine aux personnages, laissant leurs états d'âmes s'exprimer sans pathos. On sourit souvent au long de cette tragicomédie traitant d'un sujet universel, pris de sympathie pour ces gens qui nous ressemblent tant. Avec ses escapades, la vieille Nusret aura ouvert une boîte de Pandore, mais, à l'inverse de la légende grecque, ce ne sont pas que des maux qui s'en sont échappés. L'espérance est, elle aussi, bien présente dans ce film, somme toute, optimiste pour l'avenir de l'homme. Martial Knaebel
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Mustang
Denise Gamze Ergüven
Turquie
93′
C'est le début de l'été. Dans un village au nord de la Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l'école en jouant innocemment avec des garçons. La débauche supposée de leurs jeux suscite un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l'école et les mariages commencent à s'arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
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Süt - lait (2008)
Semih Kaplanoglu
Turquie
100′
SÜT-LAIT est la deuxième partie de la Trilogie de Yusuf, dont BAL-MIEL a été l'épilogue. Yusuf a ici une vingtaine d'années et vit avec sa mère Zehra en banlieue d'une ville d'Anatolie. Ensemble, ils vendent sur le marché local des produits faits maison avec le lait de leurs deux vaches. Les affaires sont de plus en plus mauvaises car avec l'industrialisation croissante et l'émergence de nouveaux quartiers, les gens achètent de plus en plus dans les nouveaux supermarchés.
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Araf
Yesim Ustaoglu
Turquie
125′
Zehra est près de sortir de l’adolescence. Autour d’elle, tout ne semble que désolation, sentiment accentué par la grisaille de l’hiver. Le tempérament joyeux de Olgun, qui ne cache pas ses sentiments pour elle, ne lui suffit pas. Elle rêve de partir ailleurs, d’une vraie vie. Mahul, un chauffeur routier habitué de la cafétéria, pourrait être celui qui l’emmènerait au loin. Peu disert, la barbe grisonnante et le chapelet de prière toujours dans la main, il est l’«homme», alors qu’Olgun n’est encore qu’un compagnon de jeu. Le réveil sera dur. Araf signifie purgatoire ou limbes en turc. Un espace entre deux, Somewhere in Between, comme l’indique le titre anglais donné au film, symbolisé parfaitement par cette station-service qui semble se trouver dans un monde parallèle, d’où l’on voit se dérouler une autre vie sur l’autoroute si proche et si lointaine à la fois. Cet «entre deux», c’est aussi ce que vivent Zehra et Olgun, pas encore adultes, mais plus tout à fait enfants. Il y a aussi la bourgade qui périclite, comme ses industries, où le temps s’est arrêté. La caméra (tenue par Michael Hammon) de la réalisatrice Yesim Ustaoglu exprime magistralement ces atmosphères d’attentes. Elle sait saisir ces attitudes ambivalentes où les personnages cherchent à sortir de leurs limbes, mais, en même temps, sont effrayés à l’idée même de les quitter. Cependant, le véritable tour de force accompli par la cinéaste tient à ceci: malgré leur aspect souvent sombre et la froideur de l’hiver anatolien, les images n’ont rien de dépressif, bien au contraire. Car des moments lumineux parsèment le récit et ces images créent un entrelacs d’émotions visuelles sublimes. Et l’empathie de la cinéaste envers ses personnages est si évidente qu’on sent très bien qu’elle ne peut pas les abandonner ainsi. Ancré dans une réalité triste Araf est en fait un film d’espoir. Martial Knaebel
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