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Le Miracle du Saint Inconnu

Alaa Eddine Aljem, Maroc, 2019

L’économie de moyens utilisés pour réaliser un film cache souvent des richesses insoupçonnées. Ce pourrait être là le miracle du Saint inconnu. A l’instar du Finlandais Aki Kaurimaski, Alaa Eddine Aljem ne s’embarrasse pas en portraiturant ses personnages en profondeur. Ils sont là, tout simplement, mais bien là, et leur présence emplit l’écran, donne du corps à un récit qui n’arrête pas de nous surprendre.

Voici donc le malfrat Amine de retour au pied de la colline pour voir sa cache cachée par un monument. Le coin désertique est maintenant occupé par un village qui attend les touristes et les pèlerins. Habité par des personnages qu’on croirait sortis d’un cartoon signé Tex Avery – coiffeur faisant office de dentiste, un couple médecin-infirmier des plus improbables, sans oublier le gardien du mausolée et son chien aux dents d’or. Burlesques souvent, ces personnages sont empreints d’une profonde humanité. Même Amine laisse entrevoir des sentiments. On ne s’étonne pas, alors, de l’apparition,de deux personnages tragiques – Brahim et son fils.
L’économie de moyens utilisés pour réaliser un film cache souvent des richesses insoupçonnées. Ce pourrait être là le miracle du Saint inconnu. A l’instar du Finlandais Aki Kaurimaski, Alaa Eddine Aljem ne s’embarrasse pas en portraiturant ses personnages en profondeur. Ils sont là, tout simplement, mais bien là, et leur présence emplit l’écran, donne du corps à un récit qui n’arrête pas de nous surprendre.

Voici donc le malfrat Amine de retour au pied de la colline pour voir sa cache cachée par un monument. Le coin désertique est maintenant occupé par un village qui attend les touristes et les pèlerins. Habité par des personnages qu’on croirait sortis d’un cartoon signé Tex Avery – coiffeur faisant office de dentiste, un couple médecin-infirmier des plus improbables, sans oublier le gardien du mausolée et son chien aux dents d’or. Burlesques souvent, ces personnages sont empreints d’une profonde humanité. Même Amine laisse entrevoir des sentiments. On ne s’étonne pas, alors, de l’apparition,de deux personnages tragiques – Brahim et son fils. Le père persiste à cultiver une terre aride sous un soleil de plomb, persuadé que la pluie reviendra, mais le seul tonnerre qu’on entende vient de la dynamite utilisée pour ouvrir une route. Le fils aimerait bien qu’il abandonne cette terre ingrate.

Alaa Eddine Aljem manie la dérision, dynamitant, au sens propre comme au figuré, les croyances d’une époque tourmentée. Métaphore pertinente de notre temps, que ce mausolée en fait construit sur de l’argent, lui-même le produit d’un vol. Si l'on rit beaucoup, on est aussi touché par le destin de ces petites gens. Ici, comme chez Kaurimäski, l’absurde et le burlesque sont au service de l’émotion et de la réflexion. Un vrai «think good movie».
Durée
100 minutes
Langue
VO arabe (maghrébin)
Sous-titres
allemand, français, anglais
Qualité
1080p
Disponibilité
Suisse, Liechtenstein
Adam
Maryam Touzani
Maroc
101′
Dans l’une des petites ruelles de la vieille médina de Casablanca, Abla, veuve, possède une petite boulangerie fine. Ses journées sont bien remplies avec la fabrication et la vente de ses pains et pâtisseries, sans compter sa fille de huit ans, Warda, qui demande aussi sa part d’attention. Un après-midi, Samia, une jeune femme enceinte, frappe à la porte d’Abla. Elle cherche un endroit pour passer la nuit et propose de l’aider à la maison et à la boulangerie. Abla n’est pas intéressée, mais la petite Warda et son grand coeur adoptent Samia immédiatement… La réalisatrice Maryam Touzani raconte une histoire universelle, sur l’amitié entre deux femmes très différentes, sur la solidarité féminine, la maternité et l’art sensuel de travailler la pâte. Son film est porté par la beauté saisissante de ses images et par le jeu très inspiré des deux interprètes Lubna Azabal et Nisrin Erradi. Présenté en première mondiale au Festival de Cannes, « Adam » est le premier film réalisé par une femme que le Maroc a choisi pour le représenter aux Oscars. Une perle cinématographique, profonde et légère à la fois.
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Mort à vendre
Faouzi Bensaidi
Maroc
112′
Tetouan, non loin de Ceuta, l’Espagnole, et de la Méditerranée. Si proche du Nord rêvé, et qui en est pourtant si loin. C’est dans cette ville nichée dans les premiers contreforts du Rif que trois jeunes gars, trois amis, décident de voler une bijouterie. Après What a Wonderful World, marqué par une liberté de ton et une recherche esthétique qui en a dérouté plus d’un, Faouzi Bensaïdi revient à un cinéma plus classique, empruntant des chemins à première vue plus balisés du film noir. Malik, Allal et Soufiane, trois copains, vivent de vols à la tire dans une ville coincée entre une colline et une imposante montagne, Tétouan. Un jour, ils décident de changer leur destin. Voler la grande bijouterie de la ville. Mais bientôt les raisons du vol vont diverger et les opposer! Malik, 26 ans, sans emploi, est fou amoureux de Dounia, prostituée dans la boîte de nuit « la Passarella ». S’il accepte de participer au vol c’est sûrement pour la sauver. Allal, 30 ans, est un dur. Grand et fort, Il ne comprend pas pourquoi Malik est amoureux de Dounia. S’il veut dévaliser la bijouterie, c’est pour se lancer dans le grand trafic de drogue. Soufiane, 18 ans, est un lycéen qui sèche les cours sauf celui de sport. Il est agile, rapide, rieur, solide et bon vivant, mais un jour, sa vie bascule. S’il décide de participer c’est pour tuer le propriétaire chrétien de la bijouterie. Une ville constamment sous un ciel bas et lourd, trois losers, un rêve de grandeur, une bijouterie, une femme débarque dans la ville... Après Mille mois et WWW, Death for Sale est un film ludique jouant et se jouant des codes et partitions du cinéma du genre, en y changeant de registre à l’intérieur même du film, essayant d’emmener le film noir vers le burlesque, la comédie romantique, la comédie musicale, la bande dessinée et les images pixellisées d’Internet. C’est une fiction qui trouve sa source dans la société marocaine. C’est un film sur les désirs impossibles qui finissent par tuer ceux qui les portent, les trafics et circulations de tous genre, des biens, des Hommes, des sentiments... et de la mort, quand il ne reste que ça à vendre ou à acheter, donc de la mort comme commerce, comme croyance, comme lâcheté et comme courage aussi. Satire sociale, Death for Sale est aussi une belle œuvre poétique, dans la lignée du réalisme poétique cher à un Solanas ou à un Chahine.
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Mille mois (2003)
Faouzi Bensaidi
Maroc
120′
1981, Maroc, le mois du Ramadan. Dans un village au coeur des montagnes de l'Atlas, Mehdi, un garçon de sept ans, s'installe avec sa mère Amina chez son grand-père Ahmed. Son père est en prison. Pour préserver l'enfant, Amina et Ahmed lui font croire que celui-ci est parti travailler en France. A l?école, Mehdi a le privilège de veiller à la chaise de l'instituteur. Son rapport aux autres et au monde est construit autour de cet objet. L'équilibre de sa vie est fragile. «Pour moi, choisir un lieu de tournage est aussi important que choisir un comédien. Il y a une émotion qui doit se dégager de l'espace, dans son rapport potentiel à mes personnages, dans la manière dont ils évoluent en lui et avec lui. Mon village est constitué d'espaces éparses mais qui, une fois réunis, constituent le vrai village du film, de mon histoire, ce qu'aucun village réel n'aurait pu produire. Ça me paraît même une évidence car, au cinéma, on est constamment amené à cadrer un monde qui se présente à nos yeux, conforme à la réalité, pour créer un monde conforme à sa propre vérité. Quand on arrive sur le lieu de tournage, la vue est à 360 degrés et il faut choisir l'objectif qui va couper à l'intérieur de cette vue réelle. J'ai donc tourné à plusieurs endroits : Marrakech, Casablanca, Meknès et essentiellement à Moulay Brahim, un village du Moyen Atlas niché à 1800 mètres d'altitude entre Marrakech et Taroudan. Beaucoup de choses passent par les femmes. Elles ont trop souvent occupé la fonction de victime et l'Occident a acheté cette image, il en redemande même. Ce n'est pas toujours vrai. Les pères peuvent être sensibles aussi, fragiles, absents, tolérants et les femmes tout le contraire. Nos sociétés sont complexes et multiples comme le sont les hommes. En tout cas cette victimisation des femmes m?énerve. Les femmes dans mon film sont fortes, libres, malignes, joueuses, dures?» Faouzi Bensaidi
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