Carmen Stadler

La cinéaste suisse, scénariste et réalisatrice, Carmen Stadler lançait, dans son premier film "Sekuritas", un vieil immeuble de bureau dans une quête de l'amour. Elle présente ses films préférés sur filmingo et vous explique ce qui l'a particulièrement touchée et inspirée.

Cold War
Paweł Pawlikowski
Pologne
88′
Une histoire d’amour éternelle: Wiktor rencontre Zula lors d’une audition de chant. Sans trop réfléchir, il embauche la jeune femme à la voix divine. Un amour fou embrase immédiatement ces deux cœurs, et aucune limite ne semble pouvoir atténuer leur passion ardente. Mais le groupe de Wiktor subit de plus en plus les turbulences politiques et au début des années 50, lors d’un concert à Berlin Est, il saute sur l’occasion pour passer à l’Ouest. Tandis que Wiktor découvre le Jazz à Paris, Zula, restée en Pologne, poursuit sa propre carrière. Pourtant, même séparés, ils ne s’oublient pas. Que ce soit à Varsovie, à Paris ou à Split, la vie fait se croiser les chemins de ces deux amoureux, pour quelques heures ou un peu plus longtemps… Pawel Pawlikowski avait reçu un Oscar en 2015 pour son précédent film « Ida ». Dans « Cold War » il raconte l’histoire d’un amour impossible à une époque impossible. Tout semble les séparer : leur passé, leur tempérament, leur caractère, leurs idées politiques, les imperfections de chacun et les inévitables coups du sort, et pourtant, ils sont fatalement condamnés à être ensemble. Au Festival de Cannes, « Cold War » a gagné le Prix de la mise en scène 2018. Un film magnifique avec une musique fascinante et des images d’une rare beauté.
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«Un film mûr et profond comme une chanson de jazz folklorique (ou un folksong jazzy) qui fait preuve d'une virtuosité époustouflante en jouant avec les meilleurs instruments du cinéma. Sur la simplicité et le caractère insondable de l’amour. Dans son livre «Sculpting in Time», Andrei Tarkowski écrit que le public regarde les films non seulement pour se divertir, mais aussi pour acquérir de nouvelles expériences de vie. Le film étend et prolonge notre vie. "Cold War" m'a offert une année passionnante.»
«J'ai vu "Höhenfeuer" pour la première fois à 23 ans, à l'école de cinéma. Une expérience cinématographique concentrée et mystérieuse avec des images imposantes et sensuelles, presque parfumées et que je ne veux pas oublier. Je me suis alors demandée, confuse, pourquoi je n’avais pas grandi avec des films suisses?! Tout ce que j’avais pu voir à l’époque parmi les fictions venait à 50% d’Amérique, 20% d'Allemagne, 20% d’Angleterre et 10% de France. Où en serions-nous aujourd’hui si la culture du cinéma suisse avait été renforcée dans son identité? Honneur à «Höhenfeuer» et par delà à tous les films suisses non découverts, peut-être non filmés . Parfois, volent-ils encore quelque part dans les airs.»
Bodhi Dharma (1989)
Yong-kyun Bae
Corée du Sud
137′
En Corée du Sud, au fond des montagnes recouvertes de forêts luxuriantes, trois êtres humains se rencontrent: un vieux maître du bouddhisme zen, un jeune moine encore peu sûr de lui et un orphelin. Autour d'eux, la nature dominatrice et ses éléments: l'eau, le feu, la terre, le vent et la lumière. Ce cadre tout simple suffit à Yong-kyun Bae pour faire ressentir la vie comme une aventure intérieure et collective. Toutefois, ces trois personnages pourraient aussi représenter les trois âges et phases de la vie d'un seul être humain, dans sa recherche de l'essence du soi, de l'harmonie parfaite et de la liberté intérieure. «Pourquoi nous faut-il toute une vie pour résoudre le problème de la vie dans le monde?» Pour répondre à cette question, le Coréen Yong-kyun Bae se plonge dans sa propre culture, créant une parabole universellement valable. Radicalement marginal, il a travaillé et retravaillé son oeuvre pendant huit ans, assumant lui-même scénario, dialogues, production, décors, lumière, prise de vue, son et montage. Véritable Hercule et Prométhée du film, il oppose au cinéma international qui, par sa soif d'action, rend aveugle et blasé, des touches de phrases d'une sérénité envoûtante et des images au rythme magique. Elles aiguisent l'esprit, permettent des découvertes à couper le souffle, sensibilisent l'oreille à une philosophie.
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«Une œuvre soigneusement tissée, forte, originale. Elle a inspiré le cinéaste Kim Ki Duk décédé récemment, pour certains de ses chefs d'œuvre et convient particulièrement pour les jours (et les nuits) curieux où l’on voudrait s’engager dans une méditation cinématographique. A chaque moment, une présence étincelante, vivante, qui se connecte à tout. En d’autres termes, un film dense et exigeant. Longuet pour les uns, dépassant tout pour les autres.»
Voyage à Tokyo (1953)
Yasujiro OZU
Japon
137′
Shukichi et Tomi Hirayama, un vieux couple ayant vécu depuis toujours avec sa fille Kyoko dans le petit port d'Onomichi au sud du Japon, se rend à Tokyo pour visiter ses enfants. C'est un très long voyage et c'est sans doute la dernière fois de leur vie qu'ils peuvent l'entreprendre. "A travers l'évolution des parents et des enfants, j'ai montré, a déclaré Ozu, comment le système familial japonais commençait à se désintégrer".
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«Un film évident, lumineux (éclairant?) sur les liens familiaux et aussi un voyage dans le temps au Japon. Simplicité sans compromis, émouvant, subtil, constructif et jamais vieux. Yasujiro Ozu est un hôte élégant et dévoué qui vous sert un saké pur et montre l’essentiel.»
Uncle Boonmee Who Can Recall his Past Lives
Apichatpong Weerasethakul
Thailand
109′
Boonmee vit aux confins de la Thaïlande, près du Laos, où il exploite une ferme apicole avec ses ouvriers laotiens. Jenjira, sa soeur, vient lui rendre visite, ayant appris qu’il a dû séjourner à l’hôpital. Arrivée sur place, avec son neveu, elle verra un homme physiquement diminué, mais étonnamment paisible. Ils seront rejoints le soir par la femme de Boonmee, décédée depuis 19 ans, et leur fils, disparu peu après, devenu singe-homme. Boonmee ne semble pas surpris de ces invités inattendus venus de l’au-delà pour l’accompagner. Œuvre dense et poétique, d’une beauté plastique époustouflante, d’une simplicité extrême, le dernier film du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul est une ode paisible à l’attente de la mort, acclamée et récompensée par une palme d’Or au festival de Cannes. * * * * * * Venu de l’art contemporain - ses installations vidéos ont déjà fait le tour du monde - Apichatpong Weerasethakul, qui n’a pas encore 40 ans, a développé dans le même temps une filmographie singulière, à la fois profondément ancrée dans la réalité sociale de son pays, et, simultanément, perpétuellement en recherche de nouvelles formes esthétiques de narration, convoquant le fantastique et la mythologie de cette partie de l’Asie. Ce mélange, à première vue étrange, du surnaturel et du réalisme se retrouve encore une fois dans Uncle Boonmee, porté par une photographie merveilleuse d’une émouvante beauté. On aura d’ailleurs rarement vu la nuit et son cortège d’ombres filmées avec une telle maestria, capable de saisir à la fois les frémissements de la forêt, les bruissements de la vie qui l’habite, et de trouver autant de nuances dans les tons et les détails de l’ombre. Film épuré et silencieux - il n’y a que les sons de la nature à se faire entendre -, Uncle Boonmee, nous laisse le temps de suivre chaque geste de chaque personnage. Ou, plutôt, le film répond au voeux du réalisateur de laisser l’entière liberté au spectateur dans son appréhension des images qu’il voit. D’y trouver, et d’en faire, ce qu’il en veut, en fonction de sa propre vie ou, plus simplement de ce qu’il attend du cinéma. Il n’y rien de prétentieux là-dedans. Il s’agit, au contraire, d’une modestie, bien réelle, affichée par le réalisateur qui n’a que le désir de partager avec le plus grand nombre ce qu’il sait voir à travers l’oeil de sa caméra. Il nous permet ainsi d’approcher une philosophie asiatique qui nous est peu connue - que l’on qualifie vaguement en parlant d’animisme ou de chamanisme - dans son rapport avec le monde vivant. Cependant, il peut aussi bien, tout simplement, être vu comme une observation poétique des richesses contenues dans la nature qui nous entoure. C’est d’ailleurs cette modestie de Weerasethakul qui donne à son oeuvre une dimension en quelque sorte universelle, où chacun peut retrouver son environnement. Environnement physique, avec la nature, mais aussi social, avec les personnages. C’est ainsi qu’il faut prendre ce qui se dit dans le film à propos des étrangers, ou qu’il faut voir ces images de soldats, ou de jeunes gens, qui apparaissent dans la deuxième partie du film. Car, si Uncle Boonmee semble une oeuvre hors du temps, elle est aussi fortement ancrée dans le présent.
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«Un film de l’autre côté du monde qui est à la fois un chez-soi et un pot de miel de cinéma. Secrets, contes de fées, spectacles de monstre et vie quotidienne. Tout cela raconté de façon passionnante, profonde et détendue. C'est avec la chair de poule que je regarde radieuse et envoûtée la grotte de cristal et la vache perdue dans la jungle. :-) On m'a dit une fois qu'un film sur le quotidien avait besoin de splendeur. At its best! Un film qui m’a donné du courage.»
Amour
Michael Haneke
France
127′
Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. leur fille, également musicienne, vit à l'étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d'un accident. L'amour qui unit ce couple va être mis à rude épreuve.
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«... parce que Haneke, dans un film sur l'amour, aussi tranchant, aux relations chiches, fait passer l'aspirateur pendant dix minutes entières par un personnage du film. Cela témoigne courage, (peut-être son) humour et, malheureusement, il n'y a (presque) que lui à se le permettre.»
El abrazo de la serpiente
Ciro Guerra
Colombie
124′
Au début du XXe siècle, un ethnologue allemand s’enfonce dans la forêt amazonienne à la recherche d’une plante mythique, la yakruna. Il sera guidé par Karamakate, un jeune mais puissant chaman amazonien. 40 ans plus tard, c’est un Etats-Unien qui retrouve Karamakate pour la même recherche. Ciro Guerra nous propose une antithèse éloquente aux discours sur l’apport de la «civilisation» dans ces contrées perdues. Inverser les rôles Theo explore l’Amazonie depuis des années et il a entendu parler d’une plante miracle, la yakruna. Maintenant qu’il est malade et affaibli, la nécessité de la trouver se fait pressante. Son guide l’amène chez Karamakate, un jeune chaman seul capable, selon lui, de trouver le lieu mythique. Mais Karamakate ne voit en Theo que le complice des massacreurs de son peuple dont il est le seul survivant. Il accepte de les guider, mais à contre-coeur. Quarante ans plus tard, Evan rencontre un Karamakate âgé, lui demandant aussi de l’aider à retrouver cette yakruna et les traces de Theo disparu. Mais Karamakate ne se souvient plus bien. Qui donc va alors guider qui? El abrazo de la serpiente reprend le flambeau d’une tradition qui a longtemps défini le cinéma latinoaméricain: le réalisme magique, onirique, cher aux Fernando Solanas, Glauber Rocha et autres Fernando Birri. Alors ça foisonne de trouvailles esthétiques, de situations allant jusqu’au burlesque, cela joue aussi avec le temps et l’espace, car les deux époques se croisent et en quelque sorte se répondent. Evans suit les pas de Theodor, mais ce sont deux mondes qui n’ont rien de commun qu’ils visitent. Le chaos engendré par la présence envahissante des Blancs aura tout bouleversé - et pas pour le meilleur. Au détour d’une scène Ciro Guerra se moque ironiquement du Fitzcarraldo de Werner Herzog et du colonel Kurtz d’Apocalypse Now. On l’aura compris Ciro Guerra a voulu inverser le regard, tenté de d’imaginer un récit d’une expédition non pas raconté du point de vue de l’explorateur comme il est d’habitude, au contraire c’est le regard des «explorés» que veut transmettre la caméra et le film. Cette inversion pertinente et nécessaire des rôles donne une tonalité rafraîchissante et légère à un propos tout ce qu’il y a de plus sérieux. Martial Knaebel
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«Un drame pertinent et puissant sur les relations entre homme et nature. Du grand art, de l'urgence, divin. Je ne quitte pas l'émerveillement, je bois une gorgée amère tirée de l'Amazone et me noie dans le satin sombre de la photographie. Une initiation poétique en film.»